Rowan Atkinson – FAST AND NOT FURIOUS
Crédit photo de couverture : Images libre de droit, Wikimedia Commons et Flickr – @DR.
Quand il s’agit de célébrités férues de sport automobile, il y a Steve McQueen… et il y a Rowan Atkinson. Deux visions radicalement opposées de la compétition (et peut-être pas les mêmes dispositions) mais une passion authentique en commun.
McLaren F1 détruite : L'accident qui a révélé la passion d'Atkinson
Cruelle ironie, c’est peut-être en détruisant sa McLaren F1 dans un accident de la circulation en 2011 que Rowan Atkinson s’est véritablement fait connaître comme amateur de voitures sportives. La péripétie fut très médiatisée et l’on découvrit que derrière le personnage de Mr. Bean se cachait un collectionneur aussi passionné qu’avisé. Fort heureusement pour lui, le succès international de Mr. Bean et des trois épisodes de Johnny English, parodie de James Bond, vont lui donner toute latitude pour s’offrir les meilleurs modèles, les plus rares et souvent les plus coûteux. Un journaliste anglais expliquait récemment que Rowan Atkinson avait « un plan de carrière plutôt original : devenir un comédien extrêmement populaire, gagner une fortune… et tout dépenser en voitures ! » Cette passion pour tout ce qui compte quatre roues et un moteur, Atkinson va la contracter dès ses premières années. À douze ans, il répare la vieille Morris Minor de sa mère et s’en va parcourir les champs autour de la ferme familiale. « Conduire dans la campagne, racontait-il au Sunday Times, était très amusant mais j’étais convaincu que la voiture aurait meilleure allure si je la débarrassais de tous les éléments de carrosserie que je pourrais enlever. » Après des études en ingénierie électrique à Oxford et Newcastle, le jeune homme, qui ne se déplace jamais sans son tournevis, démarre une carrière de comédien dans les années 80. La gloire et la fortune arrivent en 1990 avec la création de Mr. Bean, série vendue dans le monde entier. Le garage s’étoffe. Farewell la Morris, welcome les Aston Martin V8 Vantage, McLaren F1, Mercedes SLR AMG, Lancia Thema 8.32, Honda NSX et autres Bentley Mulsanne Birkin Edition parmi les plus récentes.
Parmi les trésors qui ont composé sa collection sont toutefois apparus au fil des ans quelques modèles qui révèlent aussi l’attirance d’Atkinson pour la compétition. On n’en attendait pas moins de la part d’un comédien qui avait adoré incarner, dans le téléfilm Full Throttle (1995), le personnage de Sir Henry « Tim » Birkin, un des plus glorieux « Bentley Boys » qui remporta les 24 Heures du Mans en 1929 et 1931.
Rowan Atkinson : un humble pilote Aston
En 2003, désireux d’en découdre pour de bon sur la piste, Atkinson engage son Aston Martin V8 Vantage Zagato dans des compétitions réservées aux modèles de la marque, organisées par l’Aston Martin Owners Club. Notamment dans une catégorie à l’appellation pour le moins poétique puisque réservée aux modèles « Mildly modified » (vaguement modifiés !) « J’apprécie toutes sortes de véhicules, explique-t-il, mais il me semble que les Aston Martin ont un certain parfum, une certaine originalité. Ce sont souvent des choix assez excentriques mais en général, dans la vie, j’apprécie de nager à contre-courant. » C’est chez Aston Martin Works que le comédien fera préparer sa V8 Vantage Zagato qui reste à ce jour le seul des 50 exemplaires produits à avoir été ainsi équipé pour la course.
Dès ses premiers tours de piste, bien qu’enthousiaste, le comédien-pilote va la jouer modeste. « Il y a quelque chose que je dois souligner au sujet de mon pilotage, avouait-il en 2003, c’est que je ne suis pas vraiment bon. Je suis un pilote amateur très, très moyen et j’essaye seulement de m’en sortir avec mes moyens limités. » Les moyens financiers n’étant quant à eux pas vraiment limités, l’écurie de course d’Atkinson va s’étoffer de modèles qui révéleront autant la sûreté de ses goûts que son désir de piloter. C’est donc au volant de sa BMW 328 de 1939, de sa Ford Falcon Sprint de 1964 ou encore de sa Jaguar MK VII de 1959 que le flegmatique comédien va se lancer dans le grand bain de la compétition en choisissant l’atmosphère relativement détendue des courses de véhicules historiques, et notamment celles du très select Goodwood Revival, dans le sud de l’Angleterre. Atmosphère détendue ? Qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien le couteau entre les dents que s’affrontent ces gentlemen drivers. À leur contact, Atkinson apprend et c’est toujours avec cet humour pince-sans-rire, ce phrasé si caractéristique et cette auto-dérision toute britannique que le comédien analyse ses prestations. Des travers, des erreurs, des sorties de piste, il y en aura, comme lors de l’édition 2014 de la Shelby Cup du Goodwood Revival où sa Ford Falcon percutera de face un autre concurrent. Mais en 2022, au volant de son imposante Jaguar MKVII qu’il qualifie de « totalement inappropriée », Atkinson monte enfin sur un podium en décrochant la deuxième place de la Sopwitch Cup durant le Goodwood Members Meeting.
Crédit photo : Rowan Atkinson on a Mini Goodwood Circuit – @DR Wikimedia Commons
Atkinson et les carburants alternatifs
Mais bien qu’il affectionne les voitures classiques, Mr. Bean n’est pas réfractaire aux techniques modernes. Son vif intérêt pour les carburants alternatifs lui fera prendre le volant d’une Toyota GR Yaris H2 Concept fonctionnant à l’hydrogène durant le Festival of Speed de Goodwood en 2023. Très critique envers les véhicules électriques, Atkinson s’est récemment fendu d’un article dans The Guardian dans lequel il affirmait se sentir dupé par ce mode de transport. Ce qui lui vaudra de la part des écologistes britanniques, une véritable volée de bois… vert. Électrique ou thermique, sur la route ou sur la piste, le modeste et pudique Atkinson continuera d’apprécier l’automobile, car « lorsque vous êtes au volant, avoue-t-il, il n’y a plus grand monde qui vous reconnait. »
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