Maserati 4200 GT, l’éclair avant la foudre
Plus de fiabilité et de chevaux
Pourquoi chercher les complications quand les cylindrées des moteurs vous offrent la possibilité de nommer à moindre frais les modèles des gammes automobiles ? A la 3200, évidemment nommée ainsi à cause de son V8 3.2l, Maserati annonce donc la naissance de la 4200. Au risque de choquer les aficionados de la marque au trident le nouveau coupé de la marque est équipé pour la première fois de l’histoire d’un bloc Ferrari 4.2l. Ce V8 à carter sec, 32 soupapes, 4 arbres à came en tête, calage d’admission variable, n’est pas un inconnu. Affublé du code F136, il n’a pas reçu l’appellation d’une arme secrète par hasard. C’est un fatal weapon. Il équipe déjà la Modena. Et c’est une évolution de celui de la F355. Il est tellement fiable et performant qu’on le retrouvera par la suite sur la Ferrari F430 et même sur la 458 Italia. Il a été amélioré au passage par les motoristes de la marque au trident. Il gagne de précieux chevaux – ce qui rend jaloux les motoristes de Ferrari qui refuseront de communiquer sa vrai puissance – et dépasse, parait -il,les 400 ch. Perdant au passage sa distribution par courroies, remplacée avantageusement par une chaine, il est accouplé cette fois à une boite F1 controllée par des palets baptisée Cambiocorsa ou une boite manuelle traditionnelle maison. Deux unités travaillées par le sorcier Graziani.
Nouveau système de boîte de vitesse
L’autre nouveauté de taille, c‘est que Ferrari adopte au passage l’architecture transaxle pour la disposition moteur boite. La boite de vitesse n’est donc plus desormais accolée au moteur, mais disposée sur l’essieu arrière. Système équipant déjà nombre de modèles Ferrari, également largement développé par Porsche dès 1973 sur ses 928 (essieu arrière Weissach à effet directionnel passif du train arrière). « L’avantage du Transaxle c’est l’équilibre, explique Charles Lenfant propriétaire et spécialiste auto, en plus de la boite à l’arrière le moteur est repoussé en position presque centrale-avant. De fait, la voiture devient alors un modèle de répartition des masses et la tenue de route est impériale ». Elle n’est d’ailleurs pas sans rappeler le comportement d’une autre reine de la route italienne, aux cotes bien plus généreuses, mais diablement efficace la 550 Maranello .
Un modèle perfectible
Quant à la boite F1, elle a déjà certes évolué depuis ses débuts sur la F355, mais elle reste très perfectible. « D’abord, elle n’est pas un foudre de guerre » explique Christophe Decronembour de chez Eliandre Automobile, « elle est plutôt lente même. Il n’y a guère qu’en mode Sport qu’on peut enchainer les rapports sans temps d’attente. Mais rouler en Sport tout le temps peut être fatiguant. Ensuite, elle peut être pénible à froid. Car le système de double disques d’embrayage robotisé colle et pour peu que vous vous gariez en sous-sol, vous aurez tôt fait de voir partir les garnitures en fumée » ! Les témoignages d’usures prématurées sont légions. Mais la légende du net raconte aussi qu’un américain aurait parcouru plus de 276 000 km en changeant seulement deux fois l’embrayage…Il y a aussi les petits malins qui font régler leur embrayage plus court afin qu’il cire moins. « C’est mon cas », rigole Charles Lenfant, « mais je ne fais pas de ville, la voiture est difficile à garer car elle donne de mini ruades ». Enfin il reste le choix de la boite manuelle. « Guidée par câbles, ce n’est pas un modèle de précision. Sans doute pourquoi elle n’a jamais fait l’unanimité, son levier de commande est moche qui plus est et il est mal placé ».
Pour le reste, Maserati n’a pas touché au joli dessin du designer Giorgetto Giugiaro. L’autre firme de Modène a juste été forcée de renoncer aux feux arrière boomerang qui firent la réputation de la 3200 et que l’homologation américaine a toujours refusé. La 4200 récupère des feux arrières d’une banalité fracassante. Ils ne sont pas sans rappeler ceux d’une Fiat ou d’une Lancia. Certains même comparent ces feux à ceux d’une Mazda…Une choses est certaine, de ¾ arrière, l’auto n’a plus la personnalité qu’elle avait à ses débuts. A part les beaux extracteurs et les doubles échappements biensûr.
La surpuissance du moteur
Au volant heureusement c’est tout autre chose. Son V8 fait merveille. « Autant un V12 Ferrari reste un moteur puissant, emblématique, impressionnant de couple », confie Charles, « autant Le V8 de la 4200 joue la surpuissance dans les tours. C’est à un fauve déchainé, furieux et miaulant qu’on a affaire. En particulier avec un sound pocket à l’admission et un échappement Tubi Style option obligatoire. Malgré l’anti patinage, il arrive que l’arrière chasse au démarrage. C’est bien simple, de toutes mes autos, c’est celle qui me fait le plus peur » (rire). « La puissance est telle qu’elle fera oublier les déclenchements de turbo légendaires de sa grande sœur la 3200. Quant à sa tenue de route, avec l’option du pilotage des suspensions électroniques, elle est très efficace. Si on jette un voile pudique sur les comodos d’essuie-glace Fiat, les vitres qui rechignent à se baisser à l’ouverture des portes, les garnitures du vide poche collées d’origine avec du double face (!), les commandes qui deviennent collantes, l’interrupteur d’ouverture de coffre qui se décroche sur les pavés et la peinture des interrupteurs qui se décolore avec le temps… l’intérieur de l’auto tient assez bien dans le temps. » Enfin pour une italienne de Modène, on n’est pas chez Porsche.
Rare et accessible
Entre 2002 et 2007, Il n’y aurait eu qu’un peu plus de 10 000 exemplaires de cette auto construits. C’est plus de dix fois moins que la Porsche 996 ! Sa rareté n’en fait pas pourtant un modèle inaccessible. On en trouve donc entre 25 et 30.000€. Peut-être à cause de ses coûts d’entretien parfois élevés ? Il faut cependant compter beaucoup plus cher pour sa rare version Gransport ou cabriolet. Si vous cherchez de la personnalité foncez-vous offrir ce tigre à trident.
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