Ferrari F40, l’ultime chef d’œuvre d’Enzo
- Par Roland Borghini
- Crédit photo de couverture : Unsplash, @DR
Un V8 Turbo pour la F40
Plus haut, plus fort, plus rapide… Lorsqu’elle sort en 1987, la F40 est la voiture la plus rapide, la plus puissante et la plus chère de l’histoire de l’automobile. Pour fêter les 89 printemps de leur patron et les 40 ans de la marque, les ingénieurs de Maranelo ont respecté à la lettre la devise de la maison en mettant les bouchées doubles. C’est donc une véritable voiture de course – de série – qu’ils ont élaborée. Jugez plutôt : moteur V8 turbo ouvert à 90°, en position centrale arrière longitudinale, 2 936 cm³ de cylindrée, double arbre à cames, 32 soupapes, 478 ch, 1 088 kg, 324 km/h, de 0 à 100 km/h en 3,9 s ! Un délire mécanique qui va provoquer l’effet d’une bombe à fragmentation lors de sa présentation à la presse le 21 juillet 1987 au circuit de Fiorano à Maranello par Enzo Ferrari lui-même, accompagné par son chef designer Leonardo Fioravanti. Et ce n’est pas son prix, jamais atteint, qui va décourager les clients. La demande sera si forte que les acheteurs spéculeront en mettant aux enchères les bons de commande ! Il faut dire que la bête tient ses promesses.
Un vieux routier des autos GT pour ingénieur
C’est l’ingénieur Nicola Materazzi qui a développé cette super car. L’homme est un vieux routier des autos de grand tourisme. Il a fait ses débuts chez Lancia en participant à l’élaboration de la Stratos. C’est même Enzo lui-même qui l’a recruté, impressionné par son travail. Mais surtout, il a travaillé sur la 288 GTO la première véritable super car de la marque. « C’est d’ailleurs sur cette base qu’il va proposer à Enzo Ferrari de réaliser une voiture avec laquelle les clients pourront courir, explique-t-on chez Ferrari ». Materazzi est aussi un spécialiste des moteurs turbo. Il a beaucoup travaillé sur les problèmes de fiabilité rencontrés sur la suralimentation. Mais l’usine est déjà très occupée par la fabrication de la Testarossa. C’est donc le samedi que le directeur de production autorise les développements sur la F40. Sans être révolutionnaire, la conception de l’auto n’est pas commune. « C’est même la première dans l’histoire de la marque à faire appel à des matériaux composites comme le carbone kevlar, en raison de ses larges sections avant et arrière, elle compte seulement onze pièces au total ». Elle est montée sur un châssis tubulaire en acier (doté désormais d’une section avant déformable et une arrière démontable permettant de descendre toute la mécanique) qui rappelle un peu celui de la GTO, mais aux voies avant et arrière plus larges. Il est rendu plus rigide grâce à des entretoises de raidissement. Il porte la référence F120 AB. Tous les numéros de série de l’auto commencent par 75 000, ils sont agrémentés par le numéro d’ordre dans la fabrication. Enfin, la bête est posée sur des jantes Speedline à cinq rayons moyeu Rudge, de 17 pouces de diamètre. Pour calmer les ardeurs des rêveurs qui s’imagineraient pouvoir s’offrir un jour ce chef-d’œuvre roulant, un seul de ses pneus arrière – 335/35 ZR 17 en Pirelli P-Zero Asimmetrico – coute la bagatelle de 854 €…
L’expérience au volant
Mais laissons parler l’immense pilote Henri Pescarolo qui eut le privilège de l’essayer à sa sortie. « 21 secondes au km départ arrêté, cette voiture est une bombe » confie-t-il à l’époque, impressionné, « il n’y a aucune aide électronique à la conduite, la direction est hyper incisive non assistée, le seul palpeur vous le placez vous-même au fond du siège baquet, le seul ordinateur, vous l’avez entre les oreilles, pas d’assistance au freinage, pas d’antipatinage, pas de garniture de porte. Juste un essieu arrière autobloquant. En dessous de 3 000 t le V8 est plutôt docile et coupleux, à partir de 3 500 ça souffle fort dès le déclenchement du turbo ».
Une fois n’est pas coutume, nous jetterons un voile pudique sur les défauts de la F40. Nous ne donnerons pas non plus de conseils d’achat. Ils seraient inutiles. D’abord, il existe assez peu de F40 en vente. Ensuite, les rares disponibles cotent entre 2 500 000€ et 3 000 000€ … À vos rêves donc, à vos souhaits et surtout à vos grilles de Loto. RB
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