ASTON MARTIN DBS V12 : CASINO ROYALE
Si Casino Royale marque les débuts tonitruants de Daniel Craig dans le smoking de 007, le film célèbre également ceux, tout aussi agressifs, de l’Aston Martin DBS V12. Avec pour double tâche de succéder à la Vanquish, non seulement dans la panoplie de 007 mais également dans le catalogue de la marque.
Crédit photo de couverture, Mathieu Thouvenin
Martin, Aston Martin
Dès les premiers stades de la production du vingt-deuxième James Bond, Casino Royale, il ne fait aucun doute que 007 roulera une fois encore en Aston Martin. « C’est assez émouvant, confiait la productrice Barbara Broccoli à l’époque, parce que Bond et Aston sont liés depuis si longtemps. Il nous est arrivé d’utiliser d’autres voitures, mais nous avons toujours essayé de conserver ce lien et c’est très réjouissant que la direction d’Aston Martin reconnaisse cette histoire d’amour ».
Les premiers dessins de la DBS apparaissent en mai 2005 et vont donner naissance, en octobre, à la conception d’un modèle en argile à l’échelle 1. « C’est justement à cette époque que les producteurs des Bonds sont passés nous rendre visite, se souvient Marek Reichman, responsable du design chez Aston Martin. Nous étions tous très intrigués et surtout, nous étions impatients de rencontrer le nouveau Bond et de définir si nous allions bien nous entendre sur ce projet. Mais Daniel est un type très cool et dès que je l’ai rencontré, j’ai commencé à voir au-delà du personnage de Bond et à imaginer comment nous pourrions développer la voiture pour lui. »
Crédit photo : Mathieu Thouvenin
Design : – de gadgets + d'action
Le design de la nouvelle DBS rappelle les versions compétition DBR9 et DBRS9GT engagées au Mans, avec ces appendices aérodynamiques qui brutalisent les douces lignes de la DB9 dont elle dérive. Sous le capot, le V12 de 5,9 litres développe 510 chevaux, quarante de plus que sur la DB9. Alors que la production de la DBS V12 n’est pas censée démarrer avant 2007, James Bond va se voir octroyer en exclusivité deux prototypes faits main, ainsi que trois autres exemplaires destinés aux cascades. Une fois encore, Aston Martin s’investit totalement dans le projet.
La Vanquish invisible du précédent film, Meurs un autre jour (2002) a beaucoup fait grincer les dents. Avec elle, la production est allée aussi loin que possible dans l’exploitation des gadgets et ce reboot de la série, qui replace 007 au début de sa carrière, est l’occasion d’en finir avec ce genre d’élucubrations. C’est d’une bonne scène de poursuite à l’ancienne que le public a désormais besoin, et surtout pas de gadgets ! La Bondmobile cuvée 2006 ne sera équipée que d’un défibrillateur et d’un compartiment secret dans la boite à gants contenant une arme.
@DR
Courses poursuites : backstage
Le tournage débute en juin 2006 en Angleterre, sur le circuit de Millbrook censé représenter une route de campagne du Montenegro sur laquelle Bond doit prendre en chasse la Jaguar XJR du Chiffre (Mads Mikkelsen), le méchant en chef. Mais dans la voiture se trouve aussi Vesper, alliée de 007 que le Chiffre vient d’enlever et qu’il va laisser inanimée en travers de la chaussée pour ralentir Bond. Ce dernier, pour éviter sa belle, n’a pas d’autre issue que de quitter la route et de partir en tonneaux.
Alors que Daniel Craig s’est entrainé à la conduite sportive au volant d’une BMW M3, l’équipe dirigée par Gary Powell, sous la direction du réalisateur de seconde équipe Alexander Witt, dispose d’une vieille Aston Martin DB9 blanche pour les dernières répétitions. Depuis deux mois, c’est au volant de deux vieilles BMW Série 5 que le pilote Adam Kirkey s’est entrainé, mais au moment de tourner la scène, rien ne va plus. Lancée à 120 km/h, la DBS refuse de quitter la route. « Nous n’arrivions pas à la faire partir en tonneaux avec la petite rampe que nous avions utilisée avec les BMW, explique Gary Powell. L’Aston décollait, quittait le sol puis retombait sur ses quatre roues. Impossible à retourner. Avec son centre de gravité très bas, c’est quasiment une voiture de course conçue pour la route ». Qu’à cela ne tienne, Chris Corbould, responsable des effets spéciaux, va équiper la DBS d’un canon à air (du nitrogène pressurisé) placé derrière le siège du pilote, dirigé vers le sol, pour créer l’impulsion souhaitée. « On se serait très bien satisfaits de deux ou trois tonneaux, raconte Kirkey. Quand j’ai déclenché le canon, la voiture s’est retournée, s’est mise sur le toit, puis a commencé à tournoyer et à enchainer les tonneaux. L’expérience est très violente. J’ai tout de suite compris que ça allait durer un moment. Du coup, il n’y avait plus qu’à tenir bon ». Résultat, lorsque la DBS s’immobilise dans l’herbe le long de la piste, elle vient de réaliser une série de sept tonneaux, un record qui sera dûment homologué par le fameux Livre Guinness des Records. Les semaines suivantes, deux autres DBS seront détruites pour filmer le début et la fin de la cascade sous d’autres angles. Mais la voiture détentrice du record de tonneaux, un temps vouée à la casse pour de bon, va être conservée en l’état par Aston Martin, tout comme l’une des deux DBS sorties intactes du tournage. La seconde appartient à Eon Productions.
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