Photo de couverture,  Aston Martin Works – Heritage Services @DR

Dans l’ancienne usine Aston Martin de Newport Pagnell réside désormais le service Aston Martin Works. Ici, les belles du passé viennent chercher une seconde jeunesse tandis que les plus jeunes y sont entretenues par des artisans amoureux et dévoués.

Premiers pas dans l'usine

Atelier Aston Martin Newport Pagnel
devanture newport pagnel -Crédit : chris geograph, @DR

« Welcome to Newport Pagnell, Home of Aston Martin Lagonda » annonce sobrement le panneau à l’entrée de la ville. Depuis des décennies, la petite ville de Newport Pagnell, située à quatre-vingt-dix kilomètres de Londres, est indissociable en effet de la destinée d’Aston Martin. Dans l’ancienne usine du carrossier Tickford que le patron d’Aston Martin, David Brown, racheta en 1954, furent produits certains des modèles les plus emblématiques de la marque anglaise et ce, en dépit de fréquents revers financiers. En juillet 2007, alors sous le contrôle de Ford, Aston Martin produisit sa dernière sportive à Newport Pagnell, une Vanquish S Ultimate, pour déménager à quelques dizaines de kilomètres dans la nouvelle usine ultra moderne de Gaydon. « L’usine de Newport Pagnell », nous rappelle Scott Fisher, notre guide « était un des derniers bastions d’une époque révolue où les voitures étaient péniblement assemblées à la main, par des ouvriers talentueux qui passaient des heures à fabriquer amoureusement ces voitures extraordinaires ». Steve Wad-dingham, aujourd’hui historien de la marque, a bien connu ces temps parfois difficiles alors qu’il débutait sa carrière à Newport Pagnell : « En 1992 est sortie la Virage 6,3 litres. Les ventes de la Virage étaient au plus bas et ce modèle a été une bouffée d’air frais qui a véritablement sauvé Aston Martin. Je travaillais au service Pièces détachées, j’avais 21 ans et bien qu’impliqué dans la conception du modèle de démonstration, j’étais trop jeune pour le conduire. Ce n’est qu’en 2022 que j’ai enfin pu prendre le volant de l’Aston Martin qui a sauvé tant d’emplois à l’époque. »

Le déménagement

Aston Martin lifted chassis
Credit pic : the Historic Town of Newport Pagnell Local Guide. @DR

Mais le départ vers Gaydon ne signera pas pour autant la fin de la vieille usine historique qui héberge dé-sormais la division Aston Martin Works. Derrière les murs centenaires en briques rouges, juste en face du bâtiment de style Tudor qui accueillait jadis la direction de la marque (surnommé Sunnyside car il se trou-vait du côté – parfois – ensoleillé de Tickford Street), sont aujourd’hui restaurés et entretenus les plus beaux modèles produits par Aston Martin. Passé le showroom qui présente quelques occasions récentes triées sur le volet, on est saisi par le contraste entre la modernité des lieux et l’ancienneté des modèles ainsi que des techniques employées. Les ateliers immaculés à la propreté clinique hébergent des véhicules histo-riques à divers stades de leur restauration. Des épaves retrouvent ici leur éclat d’antan entre les mains d’artisans qui travaillent encore l’aluminium avec des outils des années soixante, les mêmes qui servirent jadis à sculpter des capots moteur de DB4 ou des ailes de DB6. Ici, justement, une DB6 Volante accidentée retrouvera ses étincelants accastillages chromés, là se dessine sous une bâche la ligne caractéristique d’une Lagonda des années 70 qui attend probablement que l’on se penche sur son ordinateur de bord défaillant… Dans le « Trim Shop » renaissent les cuirs et les boiseries. Les capotes également, comme celle de ce raris-sime cabriolet DB4. Dans l’espace dévolus aux modèles moins anciens, deux exemplaires de la très exclu-sive One-77 exhibent leurs entrailles à des mécaniciens concentrés, entre une brochette de Vanquish et de DB9. 

Aston Martin DB4
Aston Martin DB4 1960 - @DR Wikimedia Commons

Usine à trésors

De véritables raretés somnolent ici ou là, une Vanquish Zagato et l’une des premières DB2 de l’époque Feltham, du nom de la vieille usine qui précéda l’installation à Newport Pagnell. L’urgence et les délais n’ont pas lieu ici, certaines voitures nécessitant parfois des soins qui les immobiliseront des mois voire des années pour les plus ambitieux projets. « Keep calm and carry on », la fameuse consigne semble parfaitement adaptée à l’atmosphère détendue mais concentrée qui règne dans ces ateliers. « Depuis une dizaine d’années, rappelle Steve Waddingham, beaucoup de marques automobiles de luxe ont créé un département Historique avec des ateliers de restauration et des services de pièces détachées pour leurs véhicules anciens. La particularité d’Aston Martin, c’est que nous avons toujours pris soin de nos anciens modèles et que nous les restaurons depuis des décennies. Ma carrière a débuté ici, à Newport Pagnell en 1990, et pour moi, ces bâtiments, ces ateliers, ce showroom… c’est un second chez moi. C’est presque sacré, ce qui peu paraître étrange à dire au sujet d’un lieu de travail ». Sacré ? Peut-être bien. 

Aston Martin
@DR Aston Martin

Mais c’est avant tout une certaine forme de reconnaissance que l’on éprouve envers ces artisans qui entretiennent et font revivre des véhicules au pedigree parfois insolite. Ainsi, plus loin, une DBS de 1970 couleur Bahama Yellow, capot ouvert, attire mon attention. La propre voiture conduite par Roger Moore dans la série « Amicalement vôtre », acquise par un collectionneur pour plus de 600 000 € en 2014, est en effet restée une fidèle cliente d’Aston Works où elle est entretenue régulièrement. A quelques mètres, deux DB5 de 1964 couleur Silver Birch intriguent. Strictement identiques, elles revêtent la même immatriculation, BMT216A… Un numéro que l‘on retrouve traditionnellement sur les exemplaires conduits à l’écran par un certain James Bond, qu’il soit incarné par Sean Connery ou Daniel Craig. Difficile à croire mais ces deux DB5 de 1964 sont en réalité deux DB5 de… 2021. Car c’est ici que sont en cours de production les 25 exemplaires d’Aston Martin DB5 « Goldfinger Continuation ». Des répliques parfaites, gadgets compris, de la Bondmobile des films Goldfinger et Opération Tonnerre sortis dans les années 60. Conçus sous la supervision de Chris Corbould, responsable des effets spéciaux sur plusieurs films de 007, ces merveilleux jouets à l’échelle 1, d’une valeur de 3,5 millions d’euros seront bientôt tous livrés mais les deux derniers, estampillés B24 et B25, sont en-core en cours de fabrication, ici, sous nos yeux. Assister en 2021 à la naissance d’une voiture produite dans les années 60 n’est pas courant, mais les miracles semblent être quotidiens entre ces murs centenaires.

Aston Martin Vanquish Zagato Concept - @DR Flickr

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