La Porsche cosmique de Janis Joplin
En cette fin des sixties, dans les rues de San Francisco, la Porsche 356 de Janis Joplin était presque aussi connue que son illustre propriétaire. Car plus qu’un bolide conduit cheveux au vent, la 356 était devenue une œuvre d’art…
Œuvre sous-estimée
Le 10 décembre 2015, la Porsche 356 C ayant appartenu à Janis Joplin est adjugée plus de 1,6 million d’euros lors d’une vente aux enchères RM Sotheby’s à New York. Entre 370 000 et 560 000 euros, avaient prédit les experts dont l’estimation tenait peut-être compte du fait que le célèbre cabriolet aux motifs psychédéliques avait été repeint durant les années 90 et n’était donc plus recouvert des dessins originaux qui le rendirent si populaire lorsque Joplin quadrillait les rues de San Francisco et de Los Angeles à son volant.
Alors qu’elle priait Dieu qu’il lui offre une Mercedes-Benz dans la chanson éponyme, constatant que ses amis « all drive Porsches », Joplin leur avait emboité le pas en 1968 en faisant donc l’acquisition, pour 3500 dollars, de cette 356C grise de 1965 chez le concessionnaire Estes-Zipper à Beverly Hills. Mais l’allure de la petite sportive ne convient pas à la chanteuse. Les lignes sont fluides et sportives mais il manque quelque chose. À Londres, un an auparavant, John Lennon s’en est pris à sa propre Rolls-Royce Phantom V en engageant l’artiste Steve Weaver qui l’a intégralement recouverte de motifs abstraits après l’avoir repeinte en jaune canari… « Shocking ! » s’est exclamé l’establishment britannique, mais la limousine bariolée est entrée dans l’histoire. Joplin y a-t-elle vu comme une source d’inspiration ? En tout cas, après avoir sollicité divers artistes afin de donner une touche plus personnelle à sa 356, c’est finalement vers son ami machiniste David Loring Richards, peintre à ses heures, qu’elle va se tourner. Pour 500 dollars, Richards accepte sans trop savoir à quoi s’attend Joplin mais se lance tête baissée dans le projet. « J’ai travaillé pratiquement non-stop sur la Porsche durant une semaine » racontait-il des années plus tard. Après l’avoir repeinte en rouge (Candy Apple Red), Richards recouvre la voiture de portraits des membres de Big Brother and the Holding Company, le groupe de Joplin, agrémentés de motifs divers tels que « The Eye of God », un Capricorne (signe zodiacal de Joplin), des méduses et autres papillons, une vue d’une vallée de Californie, etc. et baptise le résultat History of the Universe. « C’était comme un rêve dont le sujet aurait été Janet et son groupe, ajouta Richards, et elle a immédiatement adoré ! » Il applique également une couche de vernis sur l’ensemble de son œuvre, une précaution qui portera bientôt ses fruits. Volée pendant un concert au Winterland Ballroom en 1969, la 356 sera retrouvée rapidement par la police alors que le voleur avait tenté de la repeindre ! Dans son atelier, Richards parviendra sans efforts à retrouver, sous la mauvaise peinture du voleur, sa fresque originale.
La 356 de Janis
Bien peu discrète et souvent de sortie, la 356 de Janis va acquérir une certaine popularité à San Francisco. En cette fin des années soixante, la chanteuse habite à Larkspur, juste de l’autre côté du Golden Gate Bridge. Et grâce à sa voiture, on sait toujours où la trouver. « Janis s’en servait tous les jours, racontait Laura Joplin, sa sœur. Dans sa voiture, les gens la reconnaissaient partout. Il n’était pas rare que, lorsqu’elle la laissait garée quelque part, elle trouve à son retour un petit mot glissé sous un essuie-glace, signé d’un de ses fans. » Avec la Porsche, Joplin emprunte très fréquemment la Highway 1 entre San Francisco et Los Angeles, pour se rendre, souvent pied au plancher, au Sunset Sound Recorders Studio où elle enregistre. « Elle roulait à en perdre les portières et adorait la conduire à la dure ! » se souvenait Jacques Gandolpho, un mécanicien du garage où Pearl, comme l’appelaient ses amis, faisait entretenir la 356. Une habitude confirmée par celui qui fut son avocat, Robert Gordon, qui révéla lors d’un discours en 1995, lorsque Joplin fut admise au Rock & Roll Hall of Fame, qu’elle « adorait conduire sa Porsche largement au-delà des vitesses autorisées, dans les parties sinueuses de Sunset Boulevard ».
Ce n’est pas la vitesse qui emportera Joplin mais une autre forme d’excès. Une overdose. Le 4 octobre 1970, âgée de 27 ans, on la retrouve morte dans une chambre du Landmark Hotel à Hollywood, grâce à sa Porsche repérée dans le parking de l’établissement. Janis intègre ainsi le « Club des 27 » qui compte quelques célébrités précocement disparues à cet âge, laissant sa Porsche 356 à son manager Albert Grossman qui va l’utiliser durant quelques années avant de la rendre à la famille Joplin en 1975. Les années passent et si le petit 4 cylindres 1600 est refait par le frère de Janet, Michael, la fresque originale de David Loring Richards commence à partir en lambeaux. « Nous devions sauver la voiture », se défendra Michael lorsque décision sera prise de faire repeindre la fameuse voiture dans son coloris original, Dolphin Grey. Adieu les papillons, les méduses et les visages des membres de Big Brother and the Holding Company que Joplin avait quitté en 1969 pour monter le Kozmic Blues Band.
Renaissance de la peinture
Durant les années quatre-vingt-dix, les artistes Jana Mitchell et Amber Owen vont toutefois se voir confier, par la famille Joplin, la tâche ô combien délicate de reproduire, à l’aide de dizaines de clichés d’époque, les ornementations originales de la Porsche, lui redonnant ainsi son allure de jadis. Son allure, mais quid de sa valeur ? Peinte ou repeinte, il s’agit bien toujours de la voiture achetée et conduite par Janis Joplin entre 1968 et 1970, même si une part d’authenticité a certainement été perdue dans l’opération, d’où les estimations prudentes des experts. Cela ne semble pas avoir refroidi les ardeurs ni la motivation d’une riche collectionneuse américaine qui s’est offerte la Porsche 356C pour la somme inattendue de 1,6 million d’euros en 2015, lors d’une vente aux enchères voulue par la famille Joplin dans le but de financer une œuvre de bienfaisance en l’honneur de Janis.
Il est cependant permis de se demander combien cette dame aurait dû débourser si l’œuvre originale de David Loring Richards avait été conservée…
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