Voitures flasheuses : huit fois plus d’amendes ?
Radars fixes, radars de feux rouges, radars tronçon, radars laser miniaturisés, radars embarqués, radars mobiles mobiles… lorsqu’il s’agit de sanctionner et faire du chiffre d’affaire, l’imagination de l’état est sans bornes. Amis de TEA Cerede, passionnés d’automobiles anciennes et de prestige, préparez-vous au pire. Avant la sortie des drones flasheurs, projet effectivement à l’étude, vous allez bientôt vivre la privatisation des contrôles radars.
Comme on dit dans « Game of throne « winter is coming ». L’hiver n’est plus très loin. Celui de l’automobile en tout cas arrive à grand pas. La réforme de privatisation des radars « mobiles mobiles » souhaitée par l’actuel ministre de l’intérieur, Gérard Colomb, va certes « recentrer les forces de l’ordre sur leurs missions d’origine », mais elle va dans le même temps multiplier par huit la durée de roulage des 350 voitures flasheuses existantes. Autant dire que le chiffre d’affaire des PV de vitesse risque encore d’exploser. Puisque l’Etat, qui restera propriétaire des voitures, va en acheter 150 autres ! Rappelons qu’en 2016 les revenus des radars ont frôlé le milliard d’euros. Chaque année c’est plus de 25.6 millions de contrôles qui sont effectués.
Et d’ailleurs, savez-vous comment marche une voiture flasheuse ? Prenons un exemple : vous roulez à 95 Km/h et vous arrivez derrière une Dacia break blanche. Jusque l’a rien d’anormal. Votre young timer adorée ou votre ancienne chérie (pas votre ex, votre voiture) vient d ‘approcher- ce qui restera dans l’histoire automobile – la plus moche des voitures modernes. Là où l’affaire se corse c’est qu’en voulant la doubler (car vous aurez forcément envie de la doubler, on ne peut pas rester éternellement derrière une Dacia break ) vous aller devoir accélérer.
Une marge de tolérance supérieure
Deux solutions s’offrent alors à vous. Soit vous mettez « un coup de 3 » pour déposer l’horreur et « faire un souvenir » au propriétaire du dit break, en faisant rugir au passage le 4 cylindres rageur de votre MX5 Miata rouge, histoire de ne pas trop trainer à gauche. Soit vous optez pour le dépassement « à la suédoise ». Ce qui consiste à doubler le plus lentement du monde une autre automobile, des lors que vous avez repéré les agents de la force publique à l’intérieur. Habile sur 4 voies et autoroute. Mortel sur Nationale à deux voies. Dans tous les cas c’est au dépassement que se déclenche le radar. « Si vous dépassez violement et vous êtes contrôlé à une vitesse mesurée de 157 km/h, la vitesse retenue sera de 141 km/h explique un spécialiste, la marge d’erreur étant supérieure sur les radars en déplacement ». Mais vous aurez paradoxalement respecté les règles du code qui préconisent de passer le moins de temps possible à gauche.
Dans le deuxième cas vous doublerez lentement en mettant en péril votre existence et celle des autres venant en sens inverse. Mais ça n’est pas le pire. Si par hasard, quelques kilomètres plus loin vous croisez la même horreur de Dacia break à l’entrée d’un village alors que vous étiez en décélération juste après le panneau d’entrée de l’agglomération, vous pourrez vous faire flasher à 90 km/h, soit près de 40 au-dessus. Et là encore la perte de point sera conséquente.
Contestation obligatoire
« Dans tous les cas sachez que vous pouvez contester le PV » explique M° Fakirroff avocat pénaliste au cabinet Roosevelt spécialisé dans le droit routier. « Car contrairement à une idée reçue, vous avez le droit d’avoir accès à cette donnée en demandant la photo de votre véhicule en faute. Elle devra montrer clairement le visage du contrevenant. Ce qui est, dans les faits, rarement le cas. Les forces de l’ordre, obsédées par le rendement, focalisent les objectifs des appareils photo sur les plaques avant et 80 % des radars fixes flashent par l’arrière.
On le voit, le dossier ne va pas améliorer la fluidité du trafic et risque d’encombrer les tribunaux. Quant à la sécurité, les chiffres parlent d’eux même. Les flashs ont progressé en 2016 de 26 %. Le nombre de morts sur la route ont eux aussi augmenté pour passer à 3477 soit 16 de plus qu’en 2015. Les anglais, qui réduisent désormais leur armada de radars, ont bien compris que la répression devait être désormais plus ciblée. http://www.lepoint.fr/automobile/securite/80-km-h-sur-route-la-mesure-qui-fait-sourire-les-anglais-15-05-2014-1824131_657.php lls renforcent désormais les sanctions pour l’alcool et les stupéfiants. Deux fléaux très mal dépistés en France. Peut-être parce que les contrôles sont impossibles à automatiser et donc beaucoup moins rémunérateurs.
Roland Borghini